lundi 13 avril 2015

Nuit du 14/02/2015

 Depuis que je suis gosse, j'aime rêver. Chaque matin et aussi loin que me ramènent mes souvenirs sur Terre, je me suis toujours efforcée de coucher sur le papier le bordel qu'il s'est passé dans ma tête la nuit, même si cela ne consiste qu'en quelques fragments flous de souvenirs. Avec le temps, j'ai fini par me rappeler de mieux en mieux de mes rêves et à être capable d'en retenir jusqu'à trois en moyenne par nuit. Je me souviens même de certains d'entre eux faits il y a plus de dix ans. A une époque j'étais même parvenue à cartographier la géographie des endroits où se déroulaient mes rêves ; Ça donnait une espèce de grand continent vaguement semblable à l'Océanie, entouré de quelques petites îles et maigres bancs de sable. Je crois que ça n'a pas trop changé depuis. Vraiment, j'aime les rêves et chaque jour j'attends le sommeil avec une certaine impatience, curieuse de voir quels films et quelles aventures il saura me délivrer cette fois.
Ainsi, j'ai pour habitude depuis toujours de rédiger mes rêves dans des carnets, mais je commence à en avoir un peu trop. Aussi, j'ai eu envie de partager mes rêves avec toi ici. La psychanalyse est l'une des branches de la psychologie qui m'intéresse le moins car sans fondement scientifique, et l'analyse des rêves n'est absolument pas un exercice auquel il m'intéresse de me livrer. J'aime simplement les histoires. J'aime les lires, j'aime les écouter, et j'aime les raconter. J'aime me souvenir, surtout. C'est tout. Je n'accorde absolument aucune valeur magique ni aucun intérêt psychologique à faire cela. 
Je ne pense pas te délivrer tous mes rêves, certains sont plus ou moins brouillons, plus ou moins brefs, plus ou moins intéressants. Je ne pense mettre dans cette nouvelle rubrique "Rêves" que ceux que j'ai le mieux aimé, ceux que j'ai préféré vivre, expériencer. Je donne parfois des titres à mes rêves afin de mieux m'en souvenir, mais la plupart du temps ils sont simplement définis par la nuit dans laquelle ils sont nés.

Bienvenue dans ma tête.

~

  J'étais dans une grande pièce ─ un salon, probablement, totalement en bazar. Une jeune fille était assise à côté de moi sur le sol, affairée à ranger consciencieusement des affaires dans plusieurs valises. Elle s'appelait Noémie et apparemment, nous étions amies. Elle ressemblait à cet archétype de la nana que l'on voit dans ces émissions de téléréalité : une bimbo aux longues extensions de cheveux bouclées, des faux cils denses collés sur les yeux, les mains allongées de faux ongles soigneusement manucurés, et le décolleté garni de ce qu'il me semblait être de faux seins. Plus loin dans la pièce se tenait mon copain, occupé à faire des choses de son côté et paraissant peu intéressé par tout les pinceaux, fards et poudres que mon amie s'appliquait à ranger méticuleusement. 
  Soudain, elle fondit en larmes. La cause : un ongle cassé. Moi aussi d'ailleurs, mais ce petit accident était loin de me faire autant d'effet qu'à Noémie qui ne cessait de pleurer en cherchant sa lime à ongles que mon copain vint nous aider à chercher, probablement touché par cette brusque détresse, ou las de ces sanglots ridicules, je l'ignore. Nous fouillâmes tous les sacs et valises, en vain. La lime à ongles demeurait introuvable. Cependant, mon copain trouva un poudrier qui attira tout particulièrement son attention. Il était d'un beau bleu turquoise irisé et lorsqu'on l'ouvrait, il laissait découvrir deux petits écrans tactiles. Celui du haut était surmonté d'un appareil photo interne et externe permettant de se voir et se prendre soi ou d'autres personnes en photo afin de les maquiller virtuellement à l'aide de l'écran du bas, celui-ci offrant une vaste gamme de maquillages différents comprenant de très larges palettes de blushes, ombres à paupières, glosses et toutes ces choses avec lesquelles je ne suis pas particulièrement familière. Mon copain, très amusé par l'objet, commença à jouer avec, d'abord en me photographiant afin de me maquiller comme il l'entendait, puis en retouchant une publicité pour je ne sais quoi (probablement un parfum) sur laquelle une femme posait en armure légère de plaques, probablement d'inspiration viking. Je vis par-dessus l'épaule de mon bien-aimé qu'il modifia d'abord la couleur de l'armure, optant pour un jaune canard vaguement doré et surtout très moche, puis poursuivi en maquillant la dame comme un camion volé, ceci à grands renforts de rouge à lèvre et fards à paupière d'un camaïeu de violets criards. C'était très drôle tant c'était laid, et ma foi, il s'amusait bien.

  Noémie fini par retrouver finalement sa lime à ongles qui était en fait posée sur un sac à côté d'elle. Elle ravala ses larmes, essuya d'un revers de la main le maquillage qui avait coulé sur ses joues, pris gentiment le poudrier électronique des mains de mon copain en nous disant "attendez, il peut faire autre chose aussi, je vous montre." Elle tourna la tête vers moi, un sourire espiègle au coin des lèvres. "Ça fait longtemps qu'on se connait, hein. Tiens, tu te souviens de ça ?" Elle me tendit son poudrier sur lequel s'affichait désormais un film, ou plutôt un flashback, exactement comme ceux qu'Harry Potter voit lorsqu'il plonge la tête dans la pensine de Dumbledore. Ainsi, nous plongeâmes tous trois dans ce souvenir.
  J'étais dans ce qui semblait être l'appartement où j'habitais. C'était un endroit immense, baigné d'une lumière jaune très chaude et agréable, à la manière d'un coucher de soleil l'été. L'appartement se trouvait au dernier étage d'un immeuble immensément haut, à en juger par la vue imprenable que l'on avait sur la ville plus bas. J'observais mes vêtements et constatais que je portais un genre de sarouel blanc, des legwarmers jaunes, un pull orange et que mes cheveux étaient relevés en deux couettes. C'était d'un goût très douteux, mais c'était mon Moi de quand j'avais 11 ans. L'appartement était vraiment superbe ; Il était spacieux et comprenait une mezzanine ainsi que de très jolies poutres en bois qui traversaient une petite serre aménagée. J'y avais accroché une balançoire. Dans le souvenir, je m'y balançais en riant.
  En avançant dans le souvenir, j'étais toujours dans ce superbe appartement qui semblait éternellement plongé dans cette lumière dorée et douce. Moi en revanche, j'avais un peu changé. Je ressemblait plus à mon Moi de 14 ans : j'étais vêtue toute en noir, avec ma veste préférée de l'époque sous laquelle je portais une chemise blanche à jabot. Une jupe noire venait compléter le tout. J'agitais également joyeusement une canne noire surmontée d'un pommeau argenté en forme de tête de loup. C'était assez joli. Noémie trottinait derrière moi. Elle n'avait pas beaucoup changé. Nous marchions à travers l'appartement en direction d'une gigantesque vitrine sous laquelle se trouvaient deux très gros modèles réduits d'avions de chasse qui devaient bien faire un bon mètre cinquante de haut chacun. A leur pied, il y avait du sable. Agitant toujours ma canne, je m'en servi pour appuyer sur un gros bouton rouge servant à actionner l'ouverture de la vitrine. Tandis qu'elle s'ouvrait, j'expliquais à mon amie que ces grosses maquettes appartenaient à mon oncle.
  Aussitôt l'on changea de souvenir et je me vis à 3 ans, menant une parade semblable à celle de l'ouverture des JO. Je portais une tenue d'impératrice chinoise rouge et bleue fort jolie et richement brodée. Par-dessus ce souvenir qui semblait alors s'afficher comme sur un écran, défilaient des écritures en chinois, de la propagande apparemment.
Le rêve se termina aussi brusquement que s'éteint une télé lorsque l'on est absorbé par son feuilleton préféré.

mardi 7 avril 2015

There and back again

  J'aime pas abandonner des choses, ça me rend toujours triste. Et être triste, c'est vraiment de la merde. Je dis ça parce que tu pourrais croire que j'ai abandonné ce blog et peut-être même que je t'ai abandonné toi, lecteur. Mais ce serait faux ; J'ai juste pris de très longues vacances. Tu vois, la vie c'est un peu un navigateur internet ouvert avec tout plein d'onglets : y en a plus ou moins d'ouverts selon les gens et selon les différents moments de la vie. Parfois aussi, il y a des cookies qui poppent, genre de la pub ou genre un truc utile. Parfois encore, y a des gens qui investissent dans un dual ou triple screen et qui malgré l'afflux d'informations arrivent encore à rester concentrés sur ce qu'ils font. Perso, j'ai simplement ouvert un sacré paquet d'onglets depuis la dernière fois où je t'ai raconté quelque chose ici et ça a suffit à me distraire, à me dire que je n'avais plus le temps. Quelle connerie ça alors, de "ne plus avoir le temps". Y a que les adultes pour dire des choses pareilles. Et moi je n'en suis pas encore une, d'adulte. Moi j'ai encore le temps de prendre le temps, mais j'aime bien faire comme les grands et prétendre que j'ai pas le temps. Alors certes j'ai été occupée et j'ai fait un tas de choses chics et chouettes, mais j'avais ─ et j'ai encore bien le temps.

 Parmi les trucs qui m'ont occupée, avec French Café depuis le succès de notre premier événement l'été dernier, on a remis le couvert cet hiver ; ça s'appelait La vie en Rose et c'était vachement chouette. Et là on bosse déjà sur les prochains trucs cools qu'on va faire. A côté de ça, j'ai réalisé un rêve de gosse en devenant un personnage de Star Wars. Enfin, pas vraiment, disons que j'ai rejoint les Mandalorian Mercs, une association internationale de costuming sous la licence Lucasfilm qui fait des choses très chouettes dans des buts caritatifs. Je t'en reparlerai certainement. Encore à côté de ça, y a évidemment les études, la fac, le grand bordel de la crise existentielle que tu traverses quand t'as 20 piges en mode "je fous quoi de ma vie là, putain ?!" et où t'as juste l'impression que le sol sur lequel tu te tenais et que tu croyais solide s'effondre soudainement. Et puis tu parviens à te raccrocher à quelque chose, tu prends tes couilles ou tes ovaires, tu te mets un petit coup de pied aux fesses et hop, t'es de nouveau prêt à affronter le grand méchant futur. C'est que ça fait peur, cette bête-là. Je suis devenue prof particulier d'anglais et d'allemand également, c'est plutôt rigolo. Et puis récemment il y a un nouvel onglet qui s'est ouvert dans tout ce tumulte ; Je l'appelle Chéri. T'as déjà été dans une tempête tellement puissante que tout ce que tu espérais c'était trouver un arbre fier et fort, superbement enraciné afin que tu puisses t'y accrocher jusqu'à ce que la tempête se calme ? Ben le Chéri il est un peu comme ça : la stabilité dans un grand tourbillon. Et putain qu'est-ce que ça fait du bien. C'est aussi un peu comme si tu n'avais jamais connu qu'une mer agitée toute ta vie et qu'un matin tu te levais et que tu découvrais un océan calme sous une lumière magnifique. Ça fait un choc au début, et après tu peux te poser tranquillement et apprécier la beauté de ce qui t'environne.
Bon et puis à côté de ça j'ai encore moult autres petits onglets et pop-ups qui s'appellent passions, loisirs et "ohlàlà je deviens un adulte" (c'est un onglet chelou, ça.)

Et du coup, je te raconte tout ça juste pour te dire que je reviens. Je suis revenue. Je suis là.
Je ne sais pas trop quoi ni quand est-ce que je vais poster, j'aimerais bien reprendre les sorties du dimanche et te parler d'autres trucs que peut-être tu ne connais pas. Évidemment je ne saurai m'abstenir de te raconter ma vie et d’exhiber mon swag, ce serait pas marrant autrement.

Sur ce,
Bisous et à tout bientôt.