mercredi 3 juin 2015

PRAYERS et le cholo goth

  Dès que les beaux jours arrivent, j'aime écouter du goth. Je trouve que lorsqu'il fait 25°C, c'est la saison parfaite pour devenir goth. D'ailleurs, ce qu'il y a de rigolo avec le mouvement goth, c'est qu'il y a une pelleté de sous-genres. Du gothic lolita au health goth en passant par le flower goth, l'étiquette gothique se décline sous une multitude de formes plus ou moins surprenantes. Et perso, j'aime bien m'amuser à les découvrir et imaginer la tronche de Siouxie et des goths de la première heure si on leur avait dit que le mouvement irait jusqu'à se métamorphoser autant et à parfois devenir carrément l'antithèse de lui-même en devenant hype, commercial et vide de sens. Loin d'en venir au commercial mais faisant partie de cette multitude de chemins sinueux et obscurs qu'emprunte le goth, j'aimerais te parler aujourd'hui du cholo goth, genre musical à la frontière du new wave, du post-rock et de la dub, né avec Prayers ─ qui est d'ailleurs l'unique représentant de ce genre à ce jour.

  Le cholo goth, ça n'est pas un de ces énièmes sous-genre du goth inventé sur Tumblr ; Le cholo goth, c'est comme le gangsta rap, mais en version gothique. Un peu comme si Tupac et Siouxie avaient eu un gosse. A défaut de ces deux là, c'est le fruit de la rencontre entre Leafar Seyer (Rafael Reyes ─ son vrai nom ─ à l'envers), un mec recouvert de tatouages de gang, et de Dave Parley, un type barbu qui ressemble à un hipster nu goth mexicain. Et au Mexique, il y a les cholos : les mecs qui sont dans des gangs. J'aime bien les histoires de gang, les trucs qu'il se passe dans la rue, la violence, tout ça. Je ne sais pas bien pourquoi, mais depuis longtemps, je trouve ça fascinant, un peu comme si ça se passait totalement sur une autre planète. Le gangster est pour moi un genre d'extraterrestre ultra badass, un genre d'idole surnaturelle, violente, dangereuse et belle. Le gangsta rap m'a toujours plu pour les histoires qu'il raconte, l'Angleterre des skinheads me fascine et The Warriors restera certainement un de mes films fétiches notamment parce qu'il parle de guerre de gangs.
Bref. Ouais, j'kiffe ça, les gangs. De toute époque, de tout style, ça me fait rêver.

  Rafael Reyes est le genre de type que je trouve fascinant. Il a grandi dans un quartier mexicain de San Diego, bercé par les morceaux de Joy Division. Sauf qu'être goth et être membre d'un gang, c'est mener une vie dangereuse, c'est lutter pour se faire accepter, c'est être le bizarre de la bande, celui qui se fait poignarder en premier par les gangs rivaux parce qu'il se bat pour imposer ce qu'il est. Les paroles de Prayers racontent cela, ce qu'il a fallu endurer pour pouvoir être enfin accepté tel qu'ils sont : des cholo goths. Ce sont des histoires de bagarre, de mises en garde et de coups, le tout dans le langage codifié des gangs et sur fond de mélodie post-rock.
Aujourd'hui, Reyes a sût s'imposer avec Prayers dans la scène musicale de San Diego et a même une fanbase assez importante, parmi les membres de gangs et les autres gens.
" Tous les gens m’inspirent et je veux aussi inspirer les gens pour qu’ils deviennent réellement ce qu'ils veulent être. Ne laissez jamais personne vous dicter ce que vous devez faire et qui vous devez être, vous êtes libres de décider seul. Parfois, le seul moyen d’arriver à ses fins est de faire des choses qui effrayent les autres. Je suis un gothique cholo. Je suis le premier de mon espèce donc je dois représenter comme il faut pour que tous les mecs qui vont suivre cette culture aient des références. Aujourd’hui, tout est différent et hybride. Moi-même je suis un hybride. Les mexicains sont des hybrides — on a du sang indigène et espagnol. C’est pareil pour ma musique."
─ Interview de Prayers pour Vice
Prayers est un groupe super intéressant que j'avais envie de te faire découvrir non seulement parce que leur musique est bonne, intéressante et totalement hybride, mais aussi parce que la culture des gangs me tient vachement à cœur. Le cholo goth de Prayers te raconte des histoires vraies et dures, mais qui je trouve, donnent envie d'être courageux en étant ce que l'on est, ce que l'on a envie d'être.
Et putain, j'ai vachement envie que d'autres petits mouvements de ce genre voient le jour, naissent de l'histoire des gens et de leur envie de dire "je suis comme ça et je t'emmerde."


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