mercredi 20 août 2014

Dans les pas d'Assassin's Creed II

 Le fromage, la pizza, le jambon, le cinéma et Rigoletto mis à part, je n'ai jamais été une grande amatrice de l'Italie. Mais s'il y a bien un truc que je suis certaine d'aimer, c'est la saga de jeux vidéo Assassin's Creed. J'ai été à Rome, j'ai été à Venise, mais c'est essentiellement à Florence que se déroule le second opus de la saga, mon préféré avant que le quatrième ne sorte (et là, paf, plus à rien à faire, mon cœur aveuglé par son amour pour la piraterie a relégué AC2 au second rang). Bref. Je suis donc partie quelques jours à Florence, dans l'optique de suivre la trace d'Ezio Auditore de Firenze, héros des premiers volets de la saga et natif de la ville. Je n'avais pas joué à l'épisode 2 depuis un moment, mais flâner à travers les rues de la capitale toscane a suffit pour raviver de chouettes souvenirs de parkour virtuel et de sauts dans la paille depuis des toits d'églises.


Je suis partie un peu comme ça, en mode "yolo, ma connaissance experte du jeu va me suffire à me repérer dans Florence, no fear, no doubts" et... ça s'est avéré plutôt vrai. Bon, j'ai quand même embarqué le Cartoville usuel au cas-où ; On n'est jamais trop prudent et puis on ne peut pas grimper sur les toits pour se repérer, dans la vraie vie. Florence est de ces villes italiennes dans lesquelles il fait bon flâner et se perdre, loin des grands axes touristiques. Cependant, c'est bien dans des lieux aujourd'hui touristiques que se tramaient les complots en 1476, époque à laquelle se déroule donc AC2. Se perdre dans la marée de touristes s'avéra nécessaire ; J'ai beaucoup regretté de ne pas m'autoriser à grimper aux façades des maisons et à sauter de toits en toits. M'enfin, peu importe. 

Je logeais dans un sympathique petit hôtel non loin de l'église de Santa Maria Novella qui fut donc le premier lieu de mon pèlerinage. C'est une jolie petite église en face de laquelle se trouve le musée du Novecento, un musée d'arts visuels que je n'ai pas visité. A Florence, tu apprends la patience ; Rentrer dans un musée sans réservation demande pratiquement une demie-journée à faire la queue en plein soleil. Et entre nous, l'art italien ne m'a jamais vraiment touchée, je lui ai toujours préféré la peinture flamande. Je n'ai pas non plus visité tant d'églises que ça, chose que pourtant j'affectionne faire. L'architecture romane florentine ne m'émeut pas des masses (encore moins lorsque je ne peux pas y grimper). Je me suis donc principalement contentée de m'adonner à mon activité favorite : la flânerie.

 Santa Maria Novella irl et ig.

Et quel plaisir de flâner dans les ruelles pavées de la ville, relativement petite et concentrant la plupart de ses monuments dans deux quartiers. Ainsi, m'arrêtant de temps en temps humer le doux fumet s'échappant d'une trattoria ou admirer le travail du cuir d'un artisan, j'arrivais bientôt devant la cathédrale. Tout joueur d'AC connait l'importance des églises et des cathédrales tout particulièrement. Aussi glorieux et impressionnants que dans le jeu, se dressaient devant moi la Duomo et son campanile (que j'aime appeler à tort minaret). Le baptistère était malheureusement en rénovation et donc entouré d'échafaudages le masquant.
Moins belle que la Duomo de Milan à mes yeux mais a priori bien plus fréquentée que Notre Dame, les visiteurs se pressaient aux portes dans une queue faisant le tour du bâtiment (qui est tout de même bien grand). Je déconne pas quand je te dis que faire la queue, c'est une activité à temps plein à Florence. N'ayant pas la motivation, je n'ai donc pas pénétré la cathédrale, ni son campanile dont l'ascension m'aurait au moins permis de voir de très près le sommet de la Duomo, me procurant ainsi la sensation d'être un peu plus près de mon jeu vidéo.

La Duomo et son campanile irl...

 ... et ig ! (Y a une meilleure vue ig, ouais).

Le lendemain matin, je repassais devant le monument afin de continuer mon pèlerinage. La lumière manquant la veille, ce fut l'occasion de faire quelques photos souvenir. J'avais embarqué Ezio. Enfin, juste une figurine à son effigie. J'espérais que ça appâterait son homologue grandeur nature ou au moins ses copains, mais manque de bol, je n'ai aperçu aucun assassin. Par contre il a attiré un paquet d'autres fans, chose fort plaisante à laquelle je n'avais même pas songé. Les premières fans que j'ai rencontrées furent une mère et sa fille, Homa et Cosima, venant de Vienne. Elles sont arrivées vers moi en hurlant "Ezio ! Ezio !", c'était marrant. Ce qui m'a d'autant plus agréablement surprise, c'est que la plupart des fans que j'ai rencontrés étaient des femmes. Je suis vraiment contente de voir que de plus en plus de filles jouent très sérieusement aux jeux vidéo, pas à des jeux de merde, et pas pour la pseudo-gloire de "han t'as vu je suis une meuf et je joue à Call of Duty et à WoW, hihihi" mais bien pour elles, parce que ça les fait kiffer autant que les mecs.



Homa était adorable et tenait un cahier dans lequel figuraient des screens du jeu en face desquels elle prévoyait de coller des photos des vrais monuments. On a gardé contact et qui sait, peut-être viendra-t-elle faire un tour à Paris puisque c'est la ville qui servira de décor au prochain opus prévu pour la fin de l'année ?

En poursuivant ma balade, je suis arrivée à Ponte Vecchio, l'emblème de la ville et dernier pont traversant l'Arno encore habité. Lorsque l'on est dessus c'est un cauchemar : une mer de touristes se laissant entraîner d'une boutique de bijoux clinquants à l'autre puisque aujourd'hui les tanneurs et tripiers ont tous disparu. Lorsqu'en revanche on l'admire depuis un autre pont, la vue est superbe. J'adore ce genre d'architecture inégale composée d'agglutinations de petits immeubles bariolés et légèrement biscornus, comme s'ils avaient été soigneusement ramassés dans différents coins et posés là côte à côte. Les quartiers populaires ont vraiment quelque chose que l'architecture pompeuse des monuments historiques n'a pas.


Vraiment, Ponte Vecchio est aussi chouette dans la vraie vie que dans le jeu. Je me voyais courir sur les toits des habitations en compagnie d'Ezio, dans la lumière du soir et dans l'odeur du sang provenant des bouchers peuplant le pont à l'époque. Sigh. Aujourd'hui l'endroit est un peu devenu l'équivalent de notre Pont des Arts parisien : un coin moche quand on est dessus et beaucoup trop visité pour ce que c'est.


N'ayant pas prévu de traverser le pont tout de suite, je suis passée devant le Palazzo Vecchio avant de me rendre à la Galleria degli Uffizi, musée florentin équivalent un peu au Louvre. Hélas, les grands maîtres italiens ne créant que très peu d'émotions en mon petit kokoro et la foule de touristes réveillant affreusement mon agoraphobie, j'ai rapidement pris la fuite pour m'en aller vers le seule salle du musée contenant des peintures flamandes — mon dada. Rien à cirer de la Naissance de Vénus, moi j'aime Rubens et Bruegel. Ceci dit, je reconnais que le musée est fort bien fourni et est à visiter d'urgence si l'on est, contrairement à moi, un amateur de Botticelli, Titien ou Michel-Ange. Bon ok, j'admets que j'étais quand même particulièrement heureuse de voir mon Caravage préféré : la Méduse.

Bref. Le Palazzo Vecchio donc, qui est l'hôtel de ville de Florence. Pas fan de l'architecture mais faut avouer que ça a de la gueule et que la grande place devant est plutôt sympa (elle m'a cependant paru bien plus grande que dans le jeu).
Je suis également passée à la Galleria dell'Accademia où se trouve le fameux David, et tout comme pour notre Joconde, les touristes qui vont bien. Mais encore une fois, je n'ai jamais été très sensible à la sculpture et Michel-Ange ne me fait pas plus vibrer qu'un autre, hélas. J'ai pu toutefois me repaitre de la vue d'une collection très fournie d'icônes et de peintures pieuses variées qui pour certaines, feraient bonne figure dans ma collection.

Le gros machin imposant qu'est le Palazzo Vecchio.

Le lendemain, j'avais décidé de me perdre du côté du quartier des artisans, parce qu'il n'y a pas meilleur endroit sur terre pour acheter du cuir et du joli papier à lettres marbré qu'à Florence. Bon, tout coûtait la peau du cul alors je me suis contentée de regarder. Mes pas m'ont tranquillement conduit à l'adorable basilique Santa Croce que j'ai vraiment beaucoup aimée. Dans le jeu, c'était déjà ma préférée, mignonne comme tout par son architecture. Du coup j'ai fait un paquet de photos devant, avec Ezio, sans Ezio, et d'Ezio tout seul. A tendre à bout de bras mon petit Ezio pour le photographier, j'ai vite attiré l'attention de deux russes, une mère et une fille là-encore, elles aussi fans d'AC.

La sublime Santa Croce qui vend bien du rêve ig.
 
Tant de fans rencontrés grâce à Ezio ! \(@ ̄∇ ̄@)/

Les russes étaient chouettes et la demoiselle arborait même un pendentif de la marque des Assassins. On n'a pas tardé à attirer l'attention d'autres amateurs du jeu, des espagnols cette fois avec qui on a encore discuté un peu. Ça m'a vraiment donné envie de revenir à Florence (en hiver peut-être, pour changer), vêtue d'un costume d'Assassin et de me balader de manière casu dans les rues. Juste histoire d'attirer vraiment l'attention des fans et de causer, parce que tous ceux que j'ai eu le plaisir de rencontrer étaient absolument adorables. J'aimerais aussi effectuer un petit voyage Rome-Florence-Venise puisqu'il s'agit des trois villes italiennes dans lesquelles on suit les aventures d'Ezio. Ce sont aussi des villes que je connais déjà et que ça me ferait vraiment marrer d'y barouder fringuée en Assassin. Un jour peut-être me coudrais-je un costume et parcourrais l'Italie ainsi vêtue !

En parlant de Venise, j'ai fini par me rendre au sud de Florence, là où les touristes ne s'aventurent pas, là où l'on se croirait presque à la campagne et là où dans le jeu, Ezio prend la fuite pour Venise justement. C'est à la Piazzala Michelangelo que l'on peut admirer le plus joli panorama sur la ville. Sans les grues ce serait mieux, mais la vue reste superbe et le coin verdoyant et de fait très agréable. On gravit une montagne de petites marches (surement ce qui décourage les touristes) et on y arrive. C'est tranquille et mignon comme tout.


Ma petite balade Assassin's Creedesque s'est donc terminée sur les hauteurs de la ville. Je t'ai résumé ça comme si j'avais fait le tour de Florence en l'espace de deux jours, à la vérité ça m'en a pris quatre ; J'ai juste pris le temps de visiter aussi d'autres choses, comme le musée d'histoire naturelle (en général le premier endroit auquel je me rends dans une ville) qui comprenait une collection de moulages en résine absolument impressionnante (la plus complète en Europe et peut-être même au monde me semble-t-il) ainsi que l'une des galeries zoologiques les mieux fournies qu'il m'ait été donné de voir. Le top, c'est qu'il n'y a jamais personne dans ce musée, un vrai bonheur si comme moi tu aimes passer des heures un carnet de croquis à la main planté devant les vitrines à observer et dessiner chaque spécimen intéressant (la collection de canards m'a particulièrement émue. Tu connais mon culte pour ces bêtes-là, n'est-ce pas ?). Ou le musée Ferragamo, sacro-saint créateur de chaussures dont la vie détaillée m'était inconnue jusqu'à lors. Son musée, petit mais complet, est un véritable ode à son travail. De nombreux modèles originaux y sont exposés, dont les iconiques Rainbow shoes, crées originellement sur mesure pour Judy Garland.

J'en ai aussi profité pour faire quelques courses, j'aurais aimé m'offrir du papier marbré typique de Florence ainsi qu'une paire de gants en cuir bleu ; J'ai fait chou blanc de ce côté-là (sans déconner ça coûte une bliiinde !) et suis repartie avec une paire de chaussures rouges vernies que tu ne tarderas pas à me voir porter, ainsi que des yaourts Super Mario Bros. C'est qu'ils ont de chouettes trucs, en Italie.

Côté gastronomie, mon plus grand amusement lorsque je vais en terra (quasi)incognita, est de tout goûter. Surtout quand c'est bizarre. La spécialité florentine, ce sont les tripes. Je n'ai pas eu le temps d'en goûter (il me faudra y retourner pour tester), mais j'ai mangé de la soupe paysanne — traditionnelle elle aussi — et ça m'a laissé fort perplexe ; Le machin ressemblait à une purée de chou et avait juste le goût de sel. M'enfin bon, les excellents cafés et les bonnes glaces sont communs à toutes les régions d'Italie.

Florence est définitivement une jolie ville et j'aurais pu t'en parler mieux, te parler de ces chouettes églises que j'ai visitées, des ces autres monuments rigolos devant lesquels je suis passée, de l'incompréhensible accent toscan, du jardin Boboli, de ce bâtiment couvert de billets d'un dollar sur lequel je suis tombée, des touristes, de l'architecture et de toutes ces choses dont on ne parle pas dans Assassin's Creed. Mais je n'en avais pas envie. Parce que moi, ce que je retiens de ce passage à Florence, c'est à quel point c'était chouette de marcher en plein Assassin's Creed. Rome est trop grande pour pouvoir y baguenauder et tomber subitement sur un coin que l'on retrouve dans le jeu, Venise est trop pleine à craquer de touristes et trop pleine d'eau pour y errer sans avoir envie de plonger dans les canaux. Florence, elle, est pile à la bonne taille pour s'imaginer sauter de toits en toits avant d'atteindre le sommet de la Duomo, de faire un saut de l'ange et d'atterrir dans une motte de paille, tout en jetant un œil aux vitrines des magasins modernes et des petits artisans qui travaillent le cuir.

C'est certain, je reviendrai encore à Florence, une fois en Assassin, et une autre simplement pour prendre le temps de visiter la campagne environnante lors d'un road-trip à travers la Toscane. D'ici-là, je guette la sortie d'Assassin's Creed : Unity et ne manquerai pas d'effectuer une balade dans les pas du nouvel assassin (ce qui promet de s'avérer nettement plus facile et moins coûteux).

2 commentaires:

  1. C'est une toute autre et nouvelle perspective pour moi ! Florence fait partie des villes italiennes que je préfère et je ne l'avais jamais vu sous cet angle puisque je ne joue pas à Assasin's Creed. Je l'ai plutôt visité avec l'oeil d'une amatrice d'Histoire de l'Art en voyant telle ou telle histoire à l'encontre des monuments...
    En tout cas ce devait être vraiment chouette d'y séjourner plusieurs jours car tu pouvais en effet flâner dans le vrai sens du terme : tranquillement soit sans touristes. Florence est affreuse pour ça... On veut voir encore et encore, visiter sans s'arrêter mais les groupes de touristes me débectent... (pourtant j'en suis une ahah)
    Bref, merci pour ces beaux clichés ~
    As-tu pu tester des spécialités toscanes ?

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  2. Florence est l'une de mes villes préférées, d'ailleurs quand AC2 est sorti j'ai donné de jolis cours de géographie et d'histoire à mes amis, y compris lorsque je suis allé en voyage universitaire là-bas avec de vrais fans de la franchise. Effectivement c'est une belle idée que de se promener en suivant plus ou moins les lieux marquants du jeu vidéo.

    De Florence je me souviens surtout du fameux musée d'histoire naturelle dont tu parles, qui était un peu une seconde maison, et de sublimes villas privées que nous visitions grâce à notre "pass VIP" d'étudiants en histoire de l'art. Ton article me donne clairement envie de retourner à Florence, mais c'est clair que les touristes sont... étouffants là-bas.

    Dommage que mes jeux favoris se déroulent dans l'espace. J'aimerais bien me faire un pèlerinage Mass Effect mais je pense que je devrai attendre une centaine d'années avant...

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