vendredi 28 juin 2013

Terrible angels


   Avec l'amie Shimi l'autre jour, nous avons fait quelques petites photos sur le thème de l'Ero Lolita, parce qu'on en a un peu marre des nanas qui s'insurgent en disant que "saperlipopette, si tu montres tes épaules, t'es une pute. En plus, l'Ero Lolita, ça existe même pas et c'est vulgaire". Ça nous fait bien rigoler parce que nous, on distingue l'érotisme de la pornographie. On défend même vigoureusement l'Ero Lolita existant depuis les débuts du lolita et qui pourtant se fait très rares de nos jours. Alors, certes, dans les formes ça ne ressemble pas exactement au lolita lambda, mais dans le fond, c'est la même chose. Le lolita lambda est le côté enfantin de cette mode, tandis qu'en mon sens, l'Ero est son versant plus féminin et mature.
A l'origine nous avions prévu de réaliser ces photos dans mon aire de jeux favorite, à savoir un hôpital psychiatrique désaffecté, mais les bâtiments à l'abandon sont extrêmement éphémères et nous n'avons trouvé à sa place qu'un vaste vide. Du coup, on a improvisé un plan B dans une petite église à l'autre bout de la ville. Il y faisait frais, c'était chouette, et moi qui aime travailler en musique, j'étais plutôt contente d'avoir un petit fond de chants grégoriens.


 

mercredi 26 juin 2013

Sonisphère & Hellfest 2013

Ou "June as a metalhead".

ATTENTION : Ceci est un article relativement long qui parle de gens en noir qui aiment secouer leur tête et boire de la bière. Si tu as peur, il est encore temps de te rediriger vers ce site.
  
 Le métal, c'est un genre que j'aime bien. Vachement bien, même. Faut dire aussi que c'est super varié comme type de musique, tu peux y trouver des gros chevelus qui gueulent comme des gorilles pendant que le batteur défonce caisse claire et cymbales, des vikings en peau de bête qui mêlent des instruments médiévaux à ceux que l'on voit d'habitude, des chanteuses lyriques posant leur voix sur des gros riffs aussi saturés qu'entraînants, des types qui tricotent avec dextérité sur leur guitare comme si elle était un appendice naturel, et tout un tas d'autres chouettes choses encore. Du coup, y en a un peu pour tous les goûts, mais ça, je t'en recauserai plus tard. Là on va juste rester dans le Métal en général, avec un grand M parce que ça fait bien. Eh bien le Métal vois-tu, c'est bien connu, c'est un genre de satanistes qui t'incite à violer des dindons avant de les décapiter un soir de pleine lune en sacrifice à Lucifer. Tu as d'ailleurs dût très vite te rendre compte que j'étais une ado en crise se scarifiant tous les soirs et incapable de percevoir le monde autrement qu'au travers du prisme de Belzébuth, raison pour laquelle je ne manquerai pour rien au monde d'aller rejoindre mes camarades, brebis égarées, lors de terrifiants rassemblements comme ceux auxquels j'ai assisté ces dernières semaines.

 Le Hellfest, c'est un peu le pèlerinage annuel routinier, l'événement que t'as pas envie de manquer parce qu'il y a forcément une dizaine de groupes géniaux sur les centaines de programmés et au moins une autre dizaine que tu vas découvrir et apprécier, l'endroit où tu peux aller en n'étant pas métalleux et pourtant te faire plein de potes pourvu que tu lèves ta chope et ouvres tes chakras. C'est aussi le seul gros festival de métal auquel j'assiste. Mais ça va peut-être changer, puisque cette année je suis allée au Sonisphère.
C'était pas du tout prévu au départ et à moins d'une semaine du festival, je reçois un texto qui me dit "Sonisphère ce weekend, on y va avec ma caisse. Tu veux venir ?". Bah ouais, carrément. Faudrait qu'on m'envoie plus souvent des textos du genre, j'adore ça les plans sur la comète. Du coup, hop, samedi 6 juin au matin, à 7h j'étais levée, à 11h j'étais dans une voiture sur la route de Metz, à 14h30 la tente était plantée (enfin plantée... T'aurais vu la gueule de notre tente et celle du camping, tu aurais pleuré avec moi. Cailloux, cailloux everywhere, impossible de planter une sardine. Même quand tes pompes font au moins 1kg et que tu veux t'en servir comme marteau... en vain) et à 15h30 on était en train d'écouter du Behemoth avec un tas d'autres gens en noir et grosses chaussures. C'est magique la musique, ça rassemble les foules, ça fait abstraction de toutes les différences sociales et culturelles, et tu te retrouves là en train d'unir ton âme spirituellement avec celles de plusieurs milliers d'autres au son d'une guitare folle. Le type à côté de toi est peut-être cadre, celui de derrière est probablement pharmacien et celui de devant ingénieur, tu t'en fous, tu vois qu'ils apprécient, qu'ils apprécient autant que toi d'être là et entendre ce que leurs oreilles leur font parvenir, et c'est tout ce qui importe. Et je trouve ça vachement beau. T'as (beaucoup) moins de monde qu'au Hellfest, mais tu sens que ça va être tout aussi bien, même si tu payes ton litre et demi de Grimbergen rouge 16€ (19€ avec la consigne mais tant pis, rien à secouer, moi maintenant j'ai un super pichet-souvenir en plastoc avec toute la programmation du festival dessus. Eh ouais) et ta part de pizza 4€ (mais bon, c'est une pizza Métal).

Très Métal. On se demande toutefois de quel groupe le proprio peut bien être fan.

 Il faisait un soleil radieux, on suait tous comme des porcs, on se renversait nos bières dessus entre deux pogos, l'ambiance était très Métal, bref, ça commençait plutôt pas mal. On a loupé quelques groupes sympas comme Dagoba, mais aucun que je n'avais pas déjà eu l'occasion d'apprécier en concert alors bon. Faut dire que l'organisation au Sonisphère, c'est pas encore tout à fait ça. En plus du camping qui s'avère être un terrain où la pelouse soyeuse a laissé place à un champ de gros cailloux sacrément pratiques et à peine casse-gueule (crois moi, je te parle en connaissance de cause), les deux scènes du festival se font face et les concerts s'enchaînent très très rapidement, ce qui fait que toi, au bout de trois concerts, t'es complètement vanné parce que tu t'es donné à fond et que t'aimerais bien te boire une petite bière mais, non, pas le temps, faut que tu te dépêche de te trouver une bonne place avant le début du prochain concert dans deux minutes. Enfin ce n'est pas bien grave, après tout ce n'est que la troisième édition de ce festival, je suis certaine que ça ira en s'améliorant.

Amon Amarth
Le principal, c'est que les concerts étaient très chouettes, si l'on omet une sonorité absolument détestable lors du passage de certains groupes (dont bien évidemment quelques uns de mes groupes préférés, sinon ce n'aurait pas été rigolo). Sinon c'était bien, et j'étais contente de voir en live des groupes variés, certains que j'ai aimé à une époque, d'autres que j'adore encore, certains que j'ai redécouvert avec beaucoup de plaisir et quelques rares que je n'aime pas du tout et sur lesquels je n'ai même pas pris le temps d'aller jeter des cailloux (pourtant au camping j'aurais pu en ramasser des très gros, dommage).
Je retiendrai de tous ces concerts que Slayer est un groupe increvable, je les écoutais il y a longtemps et jamais je n'aurai imaginé que le chanteur était un petit gros stoïque, pratiquement immobile, qui chante avec puissance sans forcer dirait-on. Le Domingo du métal, en gros ; Je retiendrai que les vikings d'Amon Amarth arrivent en drakkar parce que c'est des vikings et qu'ils sont comme ça, les vikings. Ils ne viennent pas en bus ni en avion parce que c'est trop mainstream et pas assez métal, eux, ils viennent en drakkar. Voilà ; Lemmy le chanteur de Motörhead ne semble jamais vieillir et a toujours la patate et la capacité de mettre une grosse ambiance dès les premières notes ; On a noté que le bassiste de Korn changeait de t-shirt toutes les cinq chansons, en plus d'être super balèze question technique, ça m'a beaucoup impressionnée. Et moi qui n'aimais pas Korn, j'ai revu mon avis à la hausse, parce qu'en fait c'est pas mal. Et ce qu'il y a de rigolo avec eux, c'est qu'on dirait un groupe de reggae qui fait du métal, autant dans la gestuelle que dans l'apparence ; J'ai été contente de voir Limp Bizkit, groupe que j'avais oublié dans un coin de ma tête à côté d'une planche de skate et de mes 12 ans ; In Flames est toujours mon groupe préféré même si la sono était pire que pourrie et les effets pyrotechniques absents cette fois-ci. En tout cas c'est rigolo de voir que tout le public s'égosille à chanter les refrains, moi la première en bonne groupie qui s'est effondrée en larmes sur Trigger et Deliver us. Et d'autres. En fait je n'ai fait que pleurer et chanter très (très) fort. A la fin du concert je n'avais plus de voix et mes tympans vibraient, mais c'est ça qui était bien. C'est le même effet que quand t'as mal aux jambes après une journée de randonnée, en fait. T'as mal mais ça te fait du bien ; Pour continuer dans les larmes et le fangirlisme, j'ai pleuré devant Ghost parce que je suis secrètement amoureuse du chanteur, Papa Emeritus. Et puis ce groupe est génial, tout simplement, alors bon ; Et puis après avoir hurlé les refrains de la demie-douzaine de chansons que je connais d'eux, j'ai aussi versé quelques larmichettes sur Fear of the Dark, mon morceau préféré d'Iron Maiden qui détiennent désormais la palme du meilleur concert auquel j'ai assisté depuis des années. Pourtant, je peux te dire que je ne suis pas ultra-fan de Maiden en général. J'apprécie, mais sans plus. Beh là, j'peux te dire qu'ils m'en ont mis plein les mirettes avec leur scénographie de folie, leurs décors de taré qui changeait à chaque chanson et leurs sculptures animées qui arrivaient et repartaient tous les trois morceaux. Incroyable. C'était vraiment incroyable. Ils ne sont plus tout jeunes mais ont encore sacrément la pêche. Comme Motörhead. Et plus tard, je dirai à mes enfants "J'ai vu Iron Maiden et Motörhead. En un weekend. Et ouais".
Et le reste était agréable aussi, Megadeth, Epica, Children of Bodom, Voodoo Six, Mastodon et tous ces groupes là, ils sont cools également.
Les ingénieurs du son étaient sympas eux aussi à nous balancer Staying Alive  fond à la fin du concert de Maiden, haha.

Limp Bizkit
Epica
In Flames, ou comment foutre le bordel en une chanson.
Motörhead
Ghost ou l'amour de ma vie.
Behemoth
Iron Maiden et leur scénographie de dingue.

 En vrac, au Sonisphère on a claqué une fortune en bière et en hot-dogs (heureusement que je suis sensée être une étudiante fauchée, hein), peu dormi, gueulé "APEROOO" à 4h du matin avec les voisins, réveillés à 6h dans notre tente inondée par la pluie avant d'entreprendre une balade bucolique à travers la nature afin de regagner la voiture, beaucoup levé les bras en hurlant comme des ours, fait des coeurs et crié "love" quand tout le public levait les mains en beuglant, suivi notre GPS qui était bourré, chopé une amende sur la route parce que le contrôle technique était périmé, essuyé nos chaussures dégueulassées par la boue sur la jolie moquette bicolore du casino de la ville, et envisagé de monter un groupe avec un saxophone, une cornemuse et des cris d'animaux. En plus, Amnéville c'est une ville thermale avec une piste artificielle de ski, comme à Dubaï. Du coup on s'est dit que l'an prochain, on viendrait une semaine avant le festival profiter un peu du snowpark et se relaxer en thalasso avant de passer le weekend en mode Métal.

Allez hop, vu que je t'aime bien, voilà une petite playlist des morceaux que j'ai le mieux aimé durant ce festival (bon, forcément, les deux premiers sont ceux de mes groupes fétiches), tu peux écouter ça en lisant la suite de l'article :






 


J'ai piqué les photos sur le Facebook du Sonisphère, puisque le seul appareil qu'on avait sous la main était un argentique. Par contre, au Hellfest j'ai embarqué reflex et Polaroïd.

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  Deux semaines plus tard, c'était le Hellfest. J'ai encore un peu la tête dans le brouillard, je n'ai pas terminé de récupérer à l'heure où j'écris ces lignes. Et puis quand tu rentres de festival, t'as toujours un peu l'impression de sortir brusquement d'un super rêve, comme si t'avais passé un moment dans une faille dimensionnelle et temporelle, un truc un peu dingue du genre. T'as l'impression que ça n'a duré qu'un jour, même si tes pieds prennent bien soin de te rappeler que ça fait bien trois jours et que maintenant, faut que tu te calmes un peu.

Le Hellfest, c'est le genre de festival un peu magique où l'organisation est assez bordélique mais la programmation toujours plaisante puisqu'il y a forcément des groupes que tu adores, et d'autres que tu vas adorer découvrir. En l'occurrence cette année, on comptait quelques groupes que j'adore tout particulièrement, comme Anti-Flag, mon groupe de punk préféré que j'ai eu le loisir d'évoquer très rapidement dans un article précédemment. Et puis Ghost, encore, parce que les voir deux fois en deux semaines, c'est franchement génial. Mais je vais te raconter ça jour par jour, tiens.

Vendredi 21
 On est parti très tôt pour rejoindre Clisson avant l'ouverture du festival, histoire d'être à peu près certain de trouver un emplacement convenable pour se garer. Et cet emplacement, ce fut le même qu'il y a deux ans, chez un chouette monsieur qui fait des films et qui maltraite son stagiaire. Un type bien, surtout quand il s'achète avec la promesse d'un kouign-amann. On a pas mal discuté du métal, de pourquoi du noir, et de la signification de ce signe de la main où l'on lève son index et son auriculaire. On a parlé de l'aliénation générale de tous ces gens qui font ce signe et qui portent du noir sans même savoir la signification ni l'origine. On a dit que c'était triste et que les gens étaient tous aliénés, il a trouvé que j'avais raison, du coup il m'a interviewée. Si tu veux m'entendre parler pendant cinq minutes, tu peux aller . Bon, ils ont écorché mon nom ainsi que ceux de plusieurs groupes et m'ont étiquetée comme gothique, mais c'est pas grave, ils sont gentils.
Et puis le festival a ouvert ses portes. On a foncé au stand de merchandising, parce que les tshirts et autres goodies estampillés Hellfest, ça a tendance à s'écouler très vite. La queue a duré deux heures, ce qui fut particulièrement long et ennuyant même si on chantait des chansons paillardes à tue-tête pour faire passer le temps. Résultat, on a attaqué les concerts vers 14h avec Tyr, des vikings bien sympatoches. Cette première journée de festival était surtout placée sous le signe du heavy metal, alors on a enchaîné avec Saxon et Whitesnake, des groupes que j'aime beaucoup. Entre les deux il y avait aussi Twisted Sister, Europe, Helloween et puis Def Leppard plus tard, mais c'est moins mon truc alors je suis partie au stand de dédicaces où se trouvait God Seed. Enfin bon, moi, j'étais surtout là pour Gaahl. Toute tremblante, les larmes aux yeux, j'ai serré la main à chacun d'entre eux en balbutiant qu'ils étaient cool et que je les aimais - surtout Gaahl. D'ailleurs, sa couleur préférée, c'est le vert. Ouais, je le lui ai demandé. Je m'attendais à ce qu'il me réponde "Satan", mais en fait, non. C'est un très chouette type malgré tout. Après avoir versé un bon litre de larmes en bafouillant "il m'a parlé, il m'a parlé, Gaahl m'a parlé pslnbejrihnkjvxfet j'ai même un autographe omg omg", on a assisté à d'autres concerts (parce qu'on est quand même pas venu là uniquement pour Gaahl), dont un qui ne m'a pas franchement aidée à sécher mes larmes puisqu'il s'agissait de mon groupe de punk préféré : Anti-Flag. Ce groupe-là, c'était un peu un rêve de les voir en live un jour. Alors je peux t'assurer que je me sentais totalement euphorique à ce moment. Il me semble même pouvoir dire que ce fut le meilleur concert de tout le festival, et pas uniquement parce que c'est mon groupe préféré ; On a fait le plus gros pogo de l'histoire du punk. Tout le public était en train de pogoter dans un titanesque cercle. Du ciel, ça devait être particulièrement beau à voir. Un joyeux bordel. Faut dire aussi que les membres de ce groupe sont de sacrés ambianceurs et que t'es directement pris dans leur concert. Ah, rien que d'y repenser j'en ai des frissons et je sens les larmes monter. Tsss, ça craint d'être à ce point une groupie.
On a pu se calmer après ce concert en allant voir Neurosis, un groupe que j'aime très fort mais que curieusement, je préfère écouter tranquillement chez moi un jour de pluie plutôt qu'en live. Et puis on a terminé par le live de God Seed, histoire de terminer par Gaahl et ainsi faire de joyeux rêves imprégnés de l'esprit du true norvegian black metal.

Gaahl, l'homme le plus impressionnant du monde.
Anti-Flag

❖ Samedi 22
 Le samedi, c'est un peu la journée où j'aime me réveiller tôt, pas spécialement pour assister aux premiers concerts qui démarrent à 10h30 (d'ailleurs ça commençait par Skindred, un groupe de reggae-métal très intéressant), mais surtout pour aller au Leclerc du coin. Je trouve toujours ça absolument merveilleux de voir les rayons se remplir de metalheads les bras encombrés de bières et de Jägermeister. Pour l'occasion cette année, le supermarché a été réaménagé afin de subvenir aux besoins de première nécessité des festivaliers, à savoir beaucoup de bières et beaucoup d'alcool. J'étais surtout venue là pour faire des photos, mais en fait, j'ai fait la connaissance d'un jeune homme vachement chouette à l'iroquoise bien entretenue et qui fait actuellement le tour de France à pied en solitaire. Il m'a raconté son histoire que j'ai trouvé aussi dingue que fabuleuse, parce que moi, les roadtrips c'est un peu ma petite utopie, et je l'ai quitté en lui souhaitant bonne chance.
Il n'y avait pas énormément de concerts qui m'intéressaient avant 19h, The Old Dead Tree et Karma to Burn exceptés. Du coup je ne me souviens plus trop ce qu'on a fait en attendant, on s'est baladés, on a essayé de faire quelques emplettes, on a fait la sieste dans un agréable coin de verdure parce que ce festival est tout de même plutôt bien fichu. Il a plut, aussi. A 19h, on était devant Amorphis, à s'extasier devant les magnifiques dreads de deux mètres de long du chanteur qui les secouait en d'amples et gracieux mouvement circulaires. En sortant du concert on s'est demandé pourquoi diable y avait-il autant de moldus parmi les métalleux, et puis on a réalisé que c'était la faute à des groupes grand public comme ZZ Top (je ne comprends d'ailleurs toujours pas leur présence au Hellfest) et Kiss. Et peut-être un peu NOFX et Korn aussi. On a pris la fuite et on a préféré pogoter sur du Finntroll - mourir écrasés serait peut-être plus exact, parce qu'on a eu la bonne idée de se mettre devant. Pour nous remettre de notre décès lors de ce concert et toujours pour fuir la foule de moldus qui allait voir Kiss, on a campé pour attendre Cult of Luna, un autre groupe que je totem sévère. Je n'ai pas été déçue, c'était génial, tellement génial que j'étais en transe. Et pour clore ce second jour de festival, on a terminé par Bad Religion, des keupons ayant bercé ma folle adolescence, époque à laquelle je brodais des patches de leur groupe sur mon sac de cours. Ce fut beau et un peu émouvant quand même. J'ai pas versé de larmichette ce coup-ci, mes pieds étaient déjà occupés à pleurer dans leur coin.

Dimanche 23
 Un festival, ça passe diablement vite. T'aimerais bien qu ça dure toute la vie, mais tes pieds sont super heureux que ça ne dure que trois jours. On est restés comater tranquillement, on a mangé du saucisson et du fromage en buvant de la bière à l'instar de la veille et du jour d'encore avant parce que c'est tellement lifestyle. Et puis on est allé digérer tout ça devant Korpiklaani. Ils viennent chaque année au festival, mais c'est des gens tellement joyeux qu'on ne peut pas s'en lasser. Bon, pou le coup, on a retenu la leçon de la veille avec Finntroll : cette fois-ci, on a pris garde à se mettre très loin de la scène. Les pieds volaient en l'air devant, on s'est dit qu'on avait bien fait. Après ça, mon petit cœur a pleuré de devoir choisir entre assister au concert de Wintersun et celui des Buzzcocks ; C'est pénible les festivals avec six scènes et une programmation géniale. J'ai finalement tranché pour les Buzzcocks, parce que ces vieux punks ont eux aussi leur nom brodé sur mon sac, juste au dessus des Ramones et des Misfits. Ils ont un peu perdu de leur vigueur d'antan, mais lorsqu'ils ont joué Ever Fallen in Love, je me suis revue à 13ans en train d'épingler des photos d'Iggy Pop et de The Exploited au mur de ma chambre. Agréable réminiscence.
Après ça, on a vu Symphony X, parce que je vénère un peu le guitariste de ce groupe et puis le chanteur n'est pas désagréable à regarder. Et puis en live, ils sont assez époustouflant, je serais bien restée quelques heures de plus à les regarder. Et puis ensuite, ça a été le bazar. Je voulais louper le concert des Toy Dolls (encore des punks cools) pour attendre Ghost, mon ultime groupe fétiche qui devait passer sur une petite scène dans une heure, mais en fait, non, on nous annonce que Ghost est interverti avec Danzig (que j'avais bien envie de voir également) et que de fait, ils clôtureront le festival entre 00h45 et 2h. Du coup, le planning des 38 concerts auxquels j'avais prévu d'assister sur trois jours se retrouvait bancal et moi j'ai tendance à un peu perdre pied quand on change tout comme ça, hop. Mais je n'avais pas trop le temps de sortir un crayon et modifier mon planning, il fallait que je fuis car Lordi arrivait. Alors j'ai fui manger, forcément. D'ailleurs cette année, le village nourriture était vraiment agréable avec sa très vaste diversité de plats, allant de La tartine de l'enfer aux Hellburgers en passant par la cuisine du monde et des mets plus classiques. On a mangé créole, c'était bon et nettement moins cher qu'au Sonisphère (mon porte-monnaie en a beaucoup pâtit, là-bas), on s'est posé une table et on a tapé la causette avec un couple qui écume les festivals de métal en Allemagne et Europe de l'est depuis plusieurs années. Ils m'ont fait rêver, et puis comme on parlait de black metal, ils m'ont rappelé qu'il y avait Marduk, là tout de suite. Alors je me suis levée brusquement, on a couru, on est passés devant un stand de confiseries, on en a pris plein, ça a coûté cher, mais on s'est dit #YOLO, les bonbons c'est trop métal surtout quand t'en mange devant Marduk, groupe incarnant la douceur et la délicatesse. Non, je déconne, tu tends plutôt à te prendre un bulldozer dans la tronche, mais c'est ça qui est bon.
Et puis ensuite, ce fut l'heure de danser sur du Punish Yourself, groupe français déluré que j'avais déjà eu l'occasion de voir dans une toute petite salle dans ma Bretagne natale et qui m'en avait mis plein la vue. Effets pyrotechniques, univers fou et ambiance de dingue, c'était génial, comme toujours. On a quitté le concert un peu avant la fin : je tenais absolument à être tout devant, collée à la barrière pour Ghost. On s'est donc précipité vers la mainstage sur laquelle ils devaient passer une heure plus tard, on s'est faufilé à travers la petite foule qui patientait déjà, et joie, nous étions tout devant (on a pu profiter un peu du concert de Volbeat en attendant, c'était sympa mais je pensais trop à Ghost pour me concentrer sur autre chose). Dès qu'ils sont apparus sur scène, je sentais mon cœur qui s'emballait tout seul. Et quand Papa Emeritus II est arrivé, forcément, j'ai pleuré. J'ai pas la larme facile, c'est juste l'émotion, tout ça. Imagine ton groupe préféré à 30m de toi, et ton idole qui te regarde et voyant tes yeux pleins de larmes, te jette même un baiser. Imagine, bordel ; Tu ne peux qu'être ému. Et dans ce genre de moment, tu comprends presque les fangirls hystériques de Justin Bieber. Presque.
Ce fut un concert grandiose en dépit de la coupure survenue vers la fin du concert, nettement plus mémorable que leur concert au Sonisphère. Je crois que le public y était pour beaucoup également, pour le coup au Hellfest, tout le monde chantait, c'était vraiment beau. Un merveilleux final à un merveilleux festival, en fait.

Punish Yourself
Ghost
Papa me regarde sur cette photo. Jpkzmlfbdhzhzkq /convulsions.

En résumé, cette huitième édition du Hellfest fut exceptionnelle (je pense qu'elle a fait 112 000 metalheads tout contents), et je n'ai même pas de regret à n'avoir pas assisté aux 38 concerts du planning que je m'étais fait. J'ai encore la tête un peu ailleurs, quelque part entre un concert de punk et une messe noire ; Désolée si mon article n'est pas très intéressant, il fallait juste que je laisse exploser ma joie quelque part.
Si tu veux voir des photos officielles du Hellfest, du peux aller sur la page Facebook du festival, ou carrément sur le site.

dimanche 16 juin 2013

La sortie du dimanche - Stoker


 Être ponctuelle, il arrive que ce ne soit pas tout à fait mon truc. Là en l'occurrence, je viens à peine de voir Stoker, sorti il y a un long moment déjà. Les affiches placardées partout dans le métro m'avaient donné l'impression d'un film d'angoisse d'inspiration Hitchcockienne sentant bon le ressassé et de fait pas très intéressant, jusqu'à ce que mes yeux perçoivent le nom de Park Chang Wook (mais bon sang, pourquoi le nom du réalisateur est-il toujours écrit aussi microscopiquement dès que ça n'est plus Tarantino ou J.J Abrams ?! ). Un jour je te parlerai de mon amour irraisonnable pour le cinéma coréen. Là je vais juste te parler vite fait de mon amour pour Park Chang Wook, qui est un type que j'adore surtout pour ses films Old Boy et Sympathy for Mister Vengeance. Le cinéma coréen, si tu ne t'y connais pas trop, c'est souvent un peu violent avec une photographie époustouflante et propre, limite froide.

J'ai vu le casting du film, je me suis dit que Nicole Kidman dans un rôle de mère ça allait forcément me plaire (non mais sérieusement, dans The Others et Rabbit Hole, elle est simplement parfaite), mais que Mia Wasikowska allait beaucoup moins m'enchanter, ayant été traumatisée par son jeu dans Alice au pays des Merveilles. Mais qui dit mauvais réalisateur dit mauvaise direction, alors bon, ce n'était pas de sa faute, à Mia. Je refoulais donc Alice et parti voir Stoker, film assez surprenant puisque Park Chang Wook a décidé de s'attaquer à Hollywood.

Stoker, c'est le scénario classique du thriller : un père de famille décède, sa femme un peu cruche et superficielle se retrouve alors seule avec sa fille que tu suspectes de ne pas être très normale (et pas uniquement parce qu'elle ressemble à Mercredi Addams), un personnage mystérieux arrive et fout le bordel dans les événements. Bon, ok, on repassera pour l'originalité du scénario, mais après tout, c'est Hollywood, donc l'originalité du script, tu peux te torcher avec. Le truc, c'est que Park Chang Wook, il adore tout ce qui touche à la folie humaine. Dans Stoker, il nous sert une fois encore une histoire aux relations malsaines et tordues, où le meurtre se change en rite initiatique, vice réveillant des pulsions sexuelles - incestueuses - profondément enfouies. Il y a un côté très vampirique là-dedans avec tout ce désir de sang et de sexe. Et le titre du film ne me parait pas totalement anodin.
Ce qui marque dans ce film, ce n'est pas tant l'histoire que la photographie, glaciale et millimétrée, parfaitement orchestrée. Chaque plan est scrupuleusement calculé et l'on croise à l'occasion quelques clins d’œil à Hitchcock (ou même carrément des copiés/collés, je ne sais pas bien). On trouve également quelques passages particulièrement beaux dans lesquels les tensions sexuelles sont magnifiquement mises en scène.

En bref, Stoker est un film assez banal dans son scénario, mais l'excellence des acteurs et la perfection de la photographie associée à la perversion naturelle du réalisateur en font un film par lequel on se laisse prendre sans grand problème, trouvant même en tant que spectateur un plaisir malsain à regarder tout cela. On trouvera peut-être toutefois à reprocher le fait que pas mal de détails auraient gagné à être un peu développés et le scénario un peu plus travaillé puisque pour le coup, on pourrait bien croire que c'est de la violence gratuite et vulgaire, sans véritable fondement derrière.
On m'en avait dit beaucoup de bien, j'en suis ressortie un peu déçue au final. La photographie est divine et Mia Wasikowska est parfaite dans son rôle de femme-enfant, mais au-delà de ça, je n'y ai rien trouvé de particulièrement extraordinaire. Je crois que j'ai surtout un sérieux problème avec Hollywood.

jeudi 13 juin 2013

Bête à cornes

  Les événements comme les tea parties de grandes marques lolita, ça me donne envie de laisser ma créativité se libérer un peu et bricoler ainsi quelques accessoires que je n'aurai pas l'occasion de porter en dehors de pareilles circonstances ou pour faire des photos. Cet été, à l'occasion de la TP organisée par Baby, the Stars Shine Bright, après avoir constaté que mon placard ne contenait pas grand chose de mettable par plus de 25°C sans suer comme un porc et que je ne pouvais pas me permettre de m'offrir une nouvelle robe pour cette unique occasion (faut pas déconner non plus, hein), j'ai décidé d'enfiler une robe très simple à manches courtes dans laquelle survivre une journée d'été en jupon est envisageable. Mais comme elle est très simple et que dans ce type d'event t'essaies quand même d'être un minimum classe et plus fabuleux que d'habitude, fallait bien que je pimpe le tout à coup d'accessoires. Le premier truc qui change radicalement une tenue, c'est ce que tu mets sur ta tête. C'est vrai ça, on regarde toujours étrangement les gens qui portent un chapeau. Bah du coup, j'ai décidé de me faire une coiffe (ouais, encore. Je sens que je vais en créer une pour chaque TP). C'est pas mal d'avoir une idée globale de la tenue, un thème ou au moins des grandes lignes dans le choix des couleurs, des matières, tout ça tout ça. Pour l'occasion, j'ai eu envie de faire quelque chose librement inspiré de mon personnage Disney préféré, à savoir Maléfique.


 Bon, en fait, c'est juste sa coiffe qui m'inspirait. J'ai beau mourir d'ennui chaque fois que je visionne ce dessin animé, Maléfique, je l'adore. C'est le personnage bien classe qui a un corbal comme animal domestique, qui peut se changer en dragon, et que tu galères à battre dans Kingdom Hearts. Voilà. J'avais envie d'être un genre de dragon. Quelque chose avec des cornes sur la tête et qui sort d'une forêt ou d'un endroit un peu sauvage, pour le moins. Une bête cornue, noire, avec des plumes. C'était ça mon idée de base. Le truc quand t'as une idée, c'est qu'il faut encore être en mesure de lui donner corps. Et souvent, ça rend super bien dans ta tête, et beaucoup moins en vrai. Surtout quand t'es aussi peu dégourdi que moi avec tes dix doigts. Alors avant de se lancer et de foncer tête baissée, c'est quand même préférable de faire quelques recherches préliminaires. Je crois que la partie recherche, c'est ce que je préfère dans la conception d'un projet. Tu découvres plein de choses, t'es plus ou moins inspiré, tu changes d'avis, tu améliores ce que tu as en tête, tu fais quelques croquis... Ouais, c'est assez plaisant. Et ça se passe un peu à la manière de ces films de Michel Ocelot comme Princes et Princesses ou Les Contes de la Nuit ; Ça me plait bien. Du coup j'avais envie de partager mon processus d'étayage d'idée avec toi cette fois-ci. Je ne le ferai pas à chaque fois, t'en fais pas.



Coiffe en cauris et cornes d'antilope, Kon Kombo, Afrique de l'ouest.
Tribu Maria Corne de Bison, Chattisgarh, Inde.


 Ça, c'est pour ce qui concerne la coiffe. Mais tu te doute que je n'allais pas simplement m'arrêter à une coiffe. Il fallait bien que je case des plumes quelque part, pour le côté corbeau (même s'il s'avère que j'ai employé des plumes de coq uniquement, mais ça, on n'est pas sensé le savoir). Si tu connais un peu l'univers dans lequel j'évolue en matière de photographies poupétesques, tu sais que parmi les éléments récurrents chez moi se trouvent tout ce qui est naturel : plantes et feuilles séchées, fleurs, crânes, ossements, animaux naturalisés, plumes, pierres, insectes et tous ces trucs-là. En tant que partisane du wicca, j'ai pas mal de respect et d'affection envers la nature. Alors j'ai pensé qu'une créature à cornes et à plumes arborant quelques petits os par-ci par-là, ça pouvait être intéressant. Et quand on me dit os + plumes, je pense automatique aux aztèques, qui sont comptent parmi les civilisations qui me passionnent le mieux. Admire le caractère incroyable de ces plumes qui doivent virevolter avec grâce sur la tête de ce danseur, par exemple, ainsi que cette imposante coiffe gentiment macabre.

Costume traditionnel aztèque, Tijuana, Mexique.

 Mais la civilisation qui m'a toujours énormément inspirée et par laquelle j'ai toujours été passionnée, c'est l'Égypte antique. Bon, les costumes égyptiens sont relativement simples et ne me serviraient à rien dans l'élaboration de ma tenue pour la TP de cet été, mais la richesse et la finesse des coiffes et bijoux me laisse toujours pleine d'admiration, les plastrons tout particulièrement (et puis j'adore le blingbling alors bon, hein, voilà). Ma tenue étant noire uniquement, mettre du doré aurait un peu tout ruiné, a fortiori le côté naturel. Il parait que les dragons aiment l'or, mais j'ai des goûts plus modestes. Alors hop, j'ai mixé la forme des plastrons égyptiens aux plumes des aztèques à défaut d'or, et je suis en train de bricoler des bijoux en os pour remplacer les pierreries.

Isis, une déesse à plumes et Maat, une déesse à cornes. C'est dans le thème, non ?
A gauche, Elizabeth Taylor dans Cléopâtre, 1963 ; A droite, Théti-Cheri dans Papyrus.
Haha.

J'avais commencé une première coiffe, vraiment dans l'esprit de celle de Maléfique et des coiffes moyenâgeuses, et puis je me suis dit que c'était peut-être un peu trop. Mais genre vraiment trop. Les gens auraient pu croire que j'avais quelque chose à compenser ou un truc du genre et ça m'aurait bien ennuyée, en plus de ne pas pouvoir passer les portes ni tenir dans le métro. Du coup, ni une ni deux, j'ai recommencé un truc plus modeste et au moins quatre fois moins gros. Du coup y a du plâtre un peu partout dans mon salon en ce moment et je regrette de n'avoir pas été plus attentive aux cours de momification dans ma vie antérieure de prêtre égyptien d'Anubis (parce que ouais, les cornes, je les termine aux bandes de plâtre pour que ça tienne bien).

Quand je te dis que c'était un peu gros...
 C'est donc un article qui ne sert un peu à rien, j'avais simplement envie de te parler de ma démarche quand une idée me traverse l'esprit et que tu comprennes que je ne me colle pas des cornes sur la tête simplement parce que ça fait trop #goth-dark-fashion-vampyre-666-Belzébuth-rebelle-swag. J'aime bien réfléchir un peu quand je bricole des trucs. Bon, c'est clair que quand on me voit on ne pense pas "ah mais si, grave, je vois carrément la référence à la culture aztèque et aux coiffes médiévales ! ", mais c'est vraiment pas important. J'aime juste quand il y a quelque chose derrière, peu importe si c'est flagrant ou non, mais pitié, autre chose que "j'ai vu ça sur Tumblr alors j'ai fait pareil, lol ^_^". Et j'adore quand les gens mêlent des influences comme ça, a fortiori dans le lolita. Je pense à Tro-Tro notamment et à la coiffe d'inspiration kokoshnik russe qu'elle avait confectionnée pour la TP de cet hiver. Alors non, certes, ce n'est pas lolita stricto sensu, mais on s'en cogne, c'est beau. Et moi j'admire beaucoup ça, la beauté, l'inventivité, la créativité. A fortiori dans un style aussi modulable que le lolita. D'ailleurs je rêverai de faire de l'ethnic lolita un jour, tiens.

Tu peux admirer ci-dessus mes cornes de yack un bout de la première version de ma coiffe, le squelette de la deuxième avant le grillage et le plâtre et le reste, mon plastron en plumes, et du stuff pour agrémenter la coiffe. Sur ce, je retourne à mes bandes de plâtre, parce que c'est loin d'être terminé et la TP a lieu début juillet.

jeudi 6 juin 2013

Du rap français

  En ce moment, j'écoute énormément de rap français. Alors ouais, tout de suite, je te vois lever les yeux au ciel et te dire que le rap c'est un genre destiné aux kékés, que c'est vulgaire et inintéressant, et que "wesh wesh yo nique ta mère et ton hamster", ça va bien trente secondes, surtout quand c'est du rap dans la langue de Diam's. Je t'arrête tout de suite : il y a rap et rap, de même qu'il y a rock et rock, de même que tu peux aimer les Rolling Stones et détester les BB Brunes ; On ne mélange simplement pas les torchons et les serviettes. Voilà. Alors maintenant tu vas ouvrir un peu tes chakras et tu vas m'écouter. Et écouter ce qui suit, surtout.
 Je te parlais très rapidement du punk dans l'article précédent, parce que c'est un mouvement qui me tient particulièrement à cœur. Ben le rap tu vois, c'est né sur les mêmes racines que le punk, à savoir le ska et le dub. Du coup, ce sont deux mouvements ayant évolué en parallèle chacun de leur côté, mais malgré tout étroitement liés. On en discute d'ailleurs pas mal avec ma pote Zoé, très calée en punk. On en dit souvent que le rap, c'est le punk des blacks. On se dit aussi que c'est assez dingue de voir comme le ska et le dub sont à l'origine d'un tas énorme de trucs en plus du punk et du rap, comme le reggae-métal par exemple, ou le dubstep. Avoue que c'est assez fou. D'un point de vue mélodique, tu vas me dire que les Clash et Eminem n'ont pas grand chose à voir et je serai assez d'accord avec ça. Mais moi je te parle de l'idéologie, des textes, des prises de positions, des mentalités. Les deux genres ont vraiment un truc à raconter, un message à faire passer, une envie de gueuler un coup, de défendre ce qui en vaut la peine et de tabula-rasa. Rien que pour ça, le rap et le punk font partie des genres de musique que j'aime le mieux écouter ; C'est un peu plus spirituel que les One Direction, quoi.
Tiens, prends ce morceau du groupe Anti-Flag par exemple, un groupe de political-punk, l'un de mes préférés, y a une idée, quelque chose contre quoi ils ont raison de protester. Ben le rap c'est pareil, c'est un mouvement engagé qui se place en observateur et dénonciateur de la société. Tu n'as qu'à écouter, tu verras.



Bon, les sujets traités ne sont pas exactement les mêmes dans les deux genres puisque le rap - a fortiori français - tend plutôt à parler de sujets sociétaux comme les conditions de vie en banlieue et les problèmes culturels tandis que le punk s'attache à des thèmes plus internationaux. Mais dans les deux cas, ils s'inscrivent dans la lutte contre les injustices sociales et la défense de la dignité de l'être humain. Toutefois, comme tous les genres sont composés d'une multitude de sous-genres, on trouve bien évidemment des artistes moins engagés et plus populaires comme Blink-182 pour le punk et La Fouine pour le rap. J'ai rien contre eux, c'est simplement que je préfère écouter autre chose. Et puis les deux genres racontent aussi des textes plus légers, des histoires personnelles, des trucs du genre parce qu'il en faut. Personnellement, j'ai tendance à souvent m'y retrouver. Écoute cette chanson d'Orelsan par exemple, elle raconte ma vie. Et peut-être même un peu la tienne :


Si je suis plus habituée au rap US, je n'avais jamais vraiment pris le temps de me pencher sérieusement sur le rap français. A part Orelsan, 1995 et Mc Solaar, il y a un an je ne connaissais pas grand chose d'autre, ce qui est malheureux au vu de toutes les choses intéressantes que l'on a. J'ai le sentiment que le français est une langue faite pour le rap. Plus que pour le rock, du moins. Et puis musicalement parlant, on trouve des artistes avec un paquet d'influences variées dans les instrus. Tu sais, moi j'adore le jazz. Du coup je suis pas mal contente quand j'en trouve dans du rap.



Et depuis peu, j'écoute du rap intellectuel. Ouais, je te jure, ça existe. Quand je te dis que le français est une langue faite pour le rap et qu'on trouve un peu de tout dans ce genre... Bon, il parait que c'est un peu trop un truc d'esthète mais je ne trouve pas. Ce morceau-là est vraiment cool et ça détruira une bonne fois pour toute tes clichés rap = musique débile de kéké en pleine crise d'adolescence.

 
Sur ce, pas de chronique du dimanche cette semaine non plus, parce que je me barre au Sonisphère fêter mon passage en seconde année de licence en écoutant du métal. Je me suis fait un œdème de folie au pied l'autre jour (c'est la dernière fois que je mets des chaussons, d'ailleurs ; C'est sacrément fourbe ces machins-là), mais c'est pas un accident aussi stupide et bénin qui va m'empêcher d'aller voir Motörhead, Epica, In Flames, Amon Amarth et un tas d'autres groupes cools (par contre ça va clairement m'empêcher de pogoter, mais que veux-tu, on peut pas tout avoir, hein). Et puis j'en profite également pour dire que dans deux semaines, pas de sortie du dimanche non plus, je serai au Hellfest. Si t'es gentil t'aura droit à un petit compte-rendu et un peu de blabla sur le métaaal.

lundi 3 juin 2013

Le Loliday, ce jour où tu te remets en question

  Samedi premier juin, c'était l'un des deux International Loliday annuels, un de ces jours où tu sors ta tenue préférée et où tu peux t'en donner à cœur joie si tu as envie de prendre le thé en levant le petit doigt tout en dégustant des macarons sur fond de Schubert. Je n'ai rien fait de particulier ce jour-là si ce n'est décuver de la soirée de la veille qui aurait pu s'apparenter à un genre de pré-Loliday (puisque nous étions entre gens fabuleux à danser avec grâce sur du Die Antwoord et à faire des essayages de vêtements, entre autres choses), et puis j'ai surtout réfléchi.
Ces derniers temps, je me pose un certain nombre de questions quant à mon rapport au lolita. Ce n'est pas que je ressente une perte d'intérêt ou quoi que ce soit de négatif du genre, loin s'en faut, mais je jette de temps à autres un coup d’œil furtif au passé et réalise que cela fait déjà quelques années que je porte des jupons et que depuis, c'est un peu comme si mon monde avait changé. Cela étant, il semblerait que je ne me sente pas encore tout à fait en phase avec le lolita. 
Il est 2h11 du matin, et je vais t'infliger un monologue introspectifico-exutorio-soporifique. Accroche-toi.


❖ " Être lolita avant de porter le lolita "
 Je crois qu'on peut distinguer plusieurs grandes lignes dans la façon dont les lolitas-to-be ont pris connaissance de l'existence de ce style et la façon dont elles l'ont perçu au premier abord. J'ai noté que nombreuses sont les lolitas qui déclarent avoir été lolitas avant de découvrir le style vestimentaire, en ce sens où leur mode de vie, leurs habitudes et leur idéal s'approchaient de quelque chose existant à leur insu - le lolita - et qu'il leur a donc semblé tout naturel de se diriger vers ce style lorsqu'elles le découvrirent. J'imagine donc que cela signifie que l'arrivée du lolita dans leur vie n'a pas modifié grand chose, leur garde-robe exceptée.
J'ai longtemps cru que j'appartenais comme beaucoup d'autres à cette vaste catégorie. Maintenant, je ne sais vraiment plus. En un sens, j'ai bel et bien été lolita très longtemps avant de porter des jupons et avant même de concevoir l'idée que des filles vivant au XXIe siècle pouvaient encore aimer et vouloir porter quelque chose d'aussi encombrant sous leurs robes : j'ai toujours adoré l'art, le thé et l'esthétique victorienne, on peut donc dire que mon lifestyle était lolita. Aujourd'hui, après plusieurs années en jupons et dentelles, je constate que mes anciennes habitudes de vie (celles qui étaient lifestyle, donc) n'ont pas énormément évolué : j'aime toujours l'art, le thé et l'esthétique victorienne. Ce qui est cependant apparu et sans lequel je vivais fort bien avant, c'est le matérialisme et le souci de l'apparence. Il y a trois ans, je ne me maquillais pas, je portais du goth européen, et je ne passais pas cinq heures minimum par semaine à me ruiner les yeux devant des fringues, je n'épluchais pas les sites japonais de seconde-main en quête d'une robe avec la même concentration et la même assiduité que celle que j'employais autrefois à des buts peut-être un peu moins futiles. Le lolita est une passion, certes, mais à part des amis absolument formidables que je n'aurais probablement jamais rencontré autrement, il ne m'a rien apporté. C'est déjà sacrément bien me diras-tu. Oui. Seulement, je réfléchis à toutes ces heures gaspillées à scroller de la robe sur le net, à observer des filles mal dans leur peau et dans leur tête déballer anonymement tous leurs soucis et leur méchanceté chaque samedi (un jour, j'écrirai une thèse sur le caractère pathogène du lolita), à me torturer l'esprit parce qu'on ne sait jamais si quelqu'un va surenchérir sur cette robe dont on rêve, à réfléchir à une façon d'assortir cette jupe avec ces chaussures... Et pour quoi au final ? Pourquoi s'encombrer d'un loisir aussi chronophage alors qu'il y a tant à faire et à découvrir à côté si l'on n'y trouve rien ? Je me sens bien en jupons, le nier serait mentir, mais je me sens tout aussi bien en short avec mes rangos de métalleuse et une pinte de bière en lieu et place d'une tasse de thé.


❖ L'art du paraître
"T'es grosse, t'as une dentition horrible, dégage du lolita", "Cette robe avec ces chaussettes, c'est juste immonde", "Ta jupe est trop courte, salope" et bien d'autres jolies phrases de ce type on en lit tous les samedi, elles ont été écrites par certaines lolitas à l'intention de certaines autres de leurs congénères random ayant eu le malheur d'avoir écopé d'une physionomie atypique (entendre par-là "ne pas faire un 36-38" et "ne pas coller aux canons actuels de beauté"). Ben oui, la très grande majorité des lolitas se prennent en photo et publient leurs tenues sur internet (je ne m'épancherai pas sur le profond désir de reconnaissance dont témoignent un bon petit paquet de lolitas, avec cette espèce de course à la célébrité parce qu'il semblerait qu'être famous soit le but d'une vie et permette à certaines de se sentir exister). Je veux bien qu'on tâche d'en défendre certaines en disant qu'après tout, yolo, elle porte ce qui lui plait, ou alors que ce n'est pas de sa faute si elle a un quadruple menton. Aucun souci avec ça. Sauf que quand tu publies ta tête sur le net, tu l'assumes. Tu assumes les éventuelles critiques qui peuvent t'être faites, tu assumes ton physique, tu assumes tes fringues de lolita, tu assumes tes choix. C'est comme ça la vie, dans la rue ou sur internet, les gens auront forcément un avis sur toi. Alors si ça ne te plait pas, serre les fesses, encaisse et ne viens pas te plaindre. Y en a marre des jérémiades. Fais comme dans ce texte de Novala Takemoto, érigé en sacro-saint écrivain-prêtre du lolita : tes dentelles sont ton armure. Et ton jupon est un air-bag contre tous les vilains impacts de ton quotidien.
Sauf qu'on est aussi une communauté. Le pourcentage de la population mondiale portant le lolita est infime, négligeable. Autant se serrer les coudes entre nous au lieu de se foutre perpétuellement sur la gueule, non ?


❖ L'inexistante moelle du lolita
 Ce serait chouette de pouvoir se serrer les coudes si seulement on avait quelque chose autour de quoi se rassembler. Qu'est-ce que le lolita sinon des vêtements ? Il n'y a pas de lifestyle, c'est de la fabulation, de la poudre aux yeux, une idée inventée pour se rassurer que le mouvement dans lequel on baigne n'est pas totalement creux. Je porte du lolita et j'écoute du black métal norvégien, j'aime le thé autant que l'absinthe et la Kwak, je tâche mes robes à 350€ avec du ketchup et de l'acrylique parce que je vis, je dis des gros mots même si j'adore Hugo et Kafka, et pourtant je suis une lolita lifestyle. Je revendique ce lifestyle, même si au final je crois qu'il s'agit d'un mot visant simplement à faire la différence entre une fille qui porte le lolita au quotidien et une qui ne le porte qu'occasionnellement. Encore un truc qui écartèle la communauté. Il y a celles qui se bagarrent pour savoir qui de l'OTT ou du Old School est le mieux, celles qui se disputent pour savoir si c'est lifestyle ou non, celles qui hurlent parce qu'être black et lolita tout comme faire du 42 et être lolita ce n'est pas envisageable, et un tas d'autres raisons idiotes encore. La seule chose qui rassemble, c'est les fringues. La dernière collection Moi même Moitié, le dernier print Angelic Pretty, la prochaine Tea Party Baby... Et après ? Le fait que le lolita n'ait pas de culture et ne soit formé sur aucune base solide ne permet pas d'avoir de discussion approfondie. Les goths discutent d'un genre musical et littéraire qui leur est propre, les lolitas pas fichues de penser à autre chose qu'à leurs sapes sont des aliénées. Voilà. Essaie de t'élever intellectuellement et de t'accomplir en tant qu'être humain plutôt que de te cantonner à ta simple apparence. C'est malheureux de gratter un bel emballage et de constater qu'il n'y a strictement rien en dessous.
J'en viens parfois à me dire que je n'ai pas envie d'être une lolita. Je n'ai pas envie de cette étiquette sans rien derrière. J'ai juste envie d'être. Les titres sont bien trop encombrants et je ne comprends pas leur signification. Si tu me croises un jour dans la rue tu diras probablement "tiens, une lolita". Tu m'aurais croisé la veille tu aurais dit "tiens, une new-wave", tu m'aurais croisé le lendemain tu aurais dit "tiens, une hipster". Si j'avais à me décrire, je n'emploierai pas une seule fois le mot lolita ; Je ne souhaite pas être reconnue en tant que telle.


❖ La lolita est un punk
 Oui. Parfaitement. C'est même cet aspect-là qui me plait le mieux dans le lolita et qui fait que je porte de la dentelle et des froufrous. Tu peux porter du lolita par amour de cette esthétique, ou tu peux porter le lolita par contestation. Pour ma part il y a un peu des deux, je crois bien. Je vais pas te parler du mouvement punk sinon ça me prendrait cent ans, mais en gros, le punk c'est un mouvement contestataire qui privilégie une très large liberté d'expression. La société dans laquelle tu vis t'ennuie ? Proteste tranquillement, dis le avec tes fringues, ta façon d'être et de te comporter. Et ça, c'est une idée que je retrouve dans le lolita. Proteste contre la société avec tes dentelles. Refuse ce que l'on veut t'imposer. Et puis il y a tout un tas de similitudes entre le punk et le lolita. Prends le DIY par exemple. C'est quelque chose qui a été inventé par le punk et que l'on retouve dans le lolita sous l'appellation du handmade, ce qui au final revient exactement à la même chose. L'idée de créer l'unicité, aussi. Pimpe tes items, invente tes accessoires et tes tenues, représente-toi à travers l'image que tu renvoies aux autres. Le lolita est un style relativement ouvert dans le sens où l'on trouve aussi bien du mignon et du sombre, du long et du moins long, du chargé et du sobre. C'est la même chose dans le punk, et puis peu importe au final pourvu que tu ne mettes pas de freins à ta créativité lorsqu'elle ne demande qu'à s'exprimer. Sois. C'est tout. A contrario du lolita, le punk a une culture, des valeurs, une idéologie. Mais bon, d'un point de vue tout à fait subjectif, j'aime bien percevoir le lolita comme ça, comme une forme d'expression, un truc finalement très artistique avec un tas de possibilités, un truc sans base solide ni valeurs, mais tant pis finalement.
Je crois, à la réflexion, que je porte le lolita parce qu'une iroquoise ne m'irait pas, que l'esthétique lolita est inspirante et que l'idée d'être une rebelle en jupon me plait franchement pas mal.


 Je n'écris jamais sur le lolita. Je n'arrive pas à avoir une réflexion dessus. Je crois que je n'ai pas envie d'avoir de réflexion dessus, ça ne m'intéresse pas, j'ai pas le temps pour ça. Mais là j'avais besoin de te raconter tout ça et d'écrire un monologue d'une traite entre 2h11 et 3h20 du matin, parce que c'est assez horrible d'enfiler un jupon quasiment tous les jours sans jamais se demander pourquoi on le fait, ni ce qu'on fout là-dedans. J'ai rien relu, c'est sûrement mal écrit avec des idées en bordel, mais fallait que ça sorte. J'espère que tu comprends.
Et puis bon, tant qu'on y est, voilà dans la foulée les pancakes que je me suis faits pour fêter le Loliday et ma tenue.


Robe : Millefleurs
Blouse : Baby, the Stars Shine Bright
Chaussures : Vivienne Westwood x Melissa
Collants : Gambettes Box
Sac : Monoprix
Bibi : Filippo Catarzi
Bijoux : Vivienne Westwood
Lunettes : My Little Box