dimanche 28 juillet 2013

La sortie du dimanche - Shichinin no samurai


  Quand j'étais gamine, je voulais être un samouraï. Les princesses ne m'ont jamais fait rêver : moi, je voulais manier le katana, suivre le code du Bushido, avoir de la noblesse et de la droiture, et mourir par seppuku si mon seigneur l'exigeait. Et tout ça grâce à papa et maman qui m'ont un peu nourrie aux films de Kurosawa. Je devais avoir sept ou huit ans quand on m'a plantée pour la première fois devant ce chef œuvre qu'est Les sept samouraïs, sorti en 1954 et racontant l'histoire d'un petit village du Japon médiéval régulièrement en proie à des attaques de bandits, décidant pour y remédier d'engager sept samouraïs pour les protéger. Depuis, Les sept samouraïs s'est hissé sur le podium de mes films favoris et n'en est plus jamais redescendu, je pleure toujours quand je le regarde (ouais, j'suis comme ça moi, sensible et tout), l'un de ces sept samouraïs est toujours le crush ultime de ma vie (on n'oublie jamais un premier amour), et Kurosawa est toujours l'un de mes réalisateurs préférés. Je crois même qu'un exposé que j'avais fait dessus au collège doit encore traîner quelque part dans un carton. J'ai donc été hyperboliquement heureuse de voir qu'il passait au cinéma dans une version complètement remastérisée. J'avais de nouveau sept ans, je retombais amoureuse pour la première fois, je m'émerveillais ; Ah, quel sentiment extraordinaire !

 Les sept samouraïs, c'est un film ultra-culte ayant inspiré beaucoup de réalisateurs par la suite tels que Francis Ford Coppola et Georges Lucas. On peut dire qu'il s'agit d'un genre de western japonais, à la différence qu'il substitue aux notions de héros, gentil et méchant un aspect plus social et humain, dimension totalement absente des westerns américains. Et c'est bien cela qui est intéressant. Les samouraïs ne sont pas des héros (on les voit pleurer face à la précarité des paysans et déclarer qu'ils ont perdu, "ce sont les paysans les vainqueurs, pas nous" face à la mort des samouraïs morts), ils sont des personnages aux caractères complexes et travaillés, bien loin de l'image virile du cowboy et au rôle aussi important que celui des paysans.
Au-delà de cette dimension sociale conférant sa force au film, la densité du scénario est absolument fabuleuse. Si l'intrigue d'un village paysan attaqué par des pillards parait banale de prime abord, Kurosawa tisse plusieurs histoires indépendantes à l'intérieur de cette principale trame narrative et rythme le tout avec quelques scènes d'action et de très belles métaphores naturelles comme à l'habitude du réalisateur ; Pluie et vent se succèdent pour incarner la tension présente. L'histoire de Katsushiro, jeune samouraï épris d'une paysanne est un genre de passage à l'âge adulte (et si tu es un lecteur avisé, tu sais combien j'adore ça, les récits initiatiques). Premier amour, premier homme tué, premier chagrin d'amour. De jeune apprenti samouraï candide à homme mélancolique, Katsushiro mûrit tout au long du film et ne pourra pas s'opposer à la tradition de la séparation des classes sociales.
On trouve également et bien évidemment l'excellent Toshiro Mifune - acteur fétiche de Kurosawa avec lequel il a réalisé 15 films - dans le rôle de Kikuchiyo, personnage haut en couleurs, samouraï auto-proclamé et aussi fou qu'attachant, livrant par-là l'une de ses meilleures prestations.
Côté musique, on notera qu'un thème est défini pour chaque groupe de personnages : un thème pour les pillards, un autre pour les paysans et un pour les samouraïs. Ceci sera par exemple repris plus tard par Lucas dans Star Wars.
Les sept samouraïs est une œuvre complète et indémodable, laissant éclater tout le génie de Kurosawa et de ses acteurs.


Et si toi aussi t'aimes bien les samouraïs, tu peux aller jeter un œil à la filmographie de Kurosawa, lire Usagi Yojimbo qui reste très certainement l'une de mes lectures fétiches (attends, c'est un lapin samouraï pote avec les TMNT, quand même) et visionner Saya Zamurai, un incroyable chef d’œuvre de poésie, d'humour et de beauté par l'extraordinaire réalisateur fou Matsumoto.

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