dimanche 31 mars 2013

La sortie du dimanche - Cloud Atlas


   La première chose à laquelle j'ai pensé aussitôt le film et le générique terminés fut "je veux le revoir là, tout de suite, maintenant". La seconde fut "mais, sainte Barbe, comment vais-je bien pouvoir écrire un article là-dessus ? ". Ces deux phrases n'ont pas quitté mon esprit à l'heure où j'écris ces mots, je peine d'ailleurs énormément à rédiger quoi que ce soit sur ce film, ayant l'impression de trébucher sur chaque lettre tant il me parait compliqué de relater avec précision le sentiment très étrange et ambivalent que Cloud Atlas m'a laissé.

Je ne connaissais pas le livre (oui, lapidez-moi), mais qui dit cinéma indépendant + science-fiction + casting intéressant dit forcément film que je ne peux pas me permettre de louper (sans parler de toutes les gentilles personnes m'ayant vivement conseillé le visionnage de cet extraterrestre cinématographique). Pourtant, pour me faire tenir plus de 2h enfoncée dans un fauteuil sans m'ennuyer, il faut vraiment que le film soit bon (ou à l'inverse, tellement nase qu'il en devient presque distrayant (oui Oz, c'est bien à toi que je pense)), alors quand le film en question dure 3h, il a plutôt intérêt à se ranger dans la première catégorie. Par chance, c'était bien le cas ici.
Je ne sais tellement pas par quel bout commencer tant tout ce que j'ai vu n'en a pas fini de décanter. Ce film est tellement dingue, j'en perds mes mots, j'en perds tout. Je n'ai strictement rien compris au départ et me suis furieusement demandé de quoi ça pouvait bien parler, mais la photographie était tellement jolie (premier tableau : un bout de mer encadré par des rochers, un ciel bleu, un homme en noir, un autre en marron, cherchant des dents à l'aide d'un tamis dans le sable. Perfection) que j'ai vite abandonné mes sens pour me laisser porter. D'ailleurs, je ne suis pas encore bien certaine d'avoir tout saisi et je le revisionnerais très volontiers avant et après lecture de l'ouvrage, mais je peux affirmer sans hésitation aucune avoir beaucoup aimé. Pourquoi en revanche, c'est un peu plus compliqué.
Tout d'abord, il y a la science-fiction. J'adore ça moi, la SiFi. Surtout quand c'est bien fait. Cloud Atlas raconte donc l'histoire ─ est-ce bien racontable, d'ailleurs ? ─ de plusieurs personnages à travers plusieurs époques, dont les réincarnations et les destins s'enchainent et se croisent au fil des siècles. L'un des points très intéressant du film est d'une part le casting (Tom Hanks, Hugo Weaving, Halle Berry, Jim Broadbent et Hugh Grant dans le même film, il faut le faire), mais d'autre part le fait que selon les différentes époques, chacun des acteurs revêt une personnalité et surtout un physique extrêmement variable. C'est d'ailleurs assez fascinant quand on se penche sur chacun d'eux tout à tour. Le petit tableau ci-dessous vous en donne un bon aperçu (Halle Berry en petit vieux coréen est assez surprenante, et le personnage féminin de Hugo Weaving est un vrai régal). 


Et ça, c'est assez sidérant tant c'est génial. Chacun de ces personnages a une destinée liée aux autres aussi bien dans une époque que dans une autre. Ce n'est définitivement pas racontable tant le scénario est aussi complexe que déroutant. Si-dé-rant, vous dis-je. A plusieurs reprises j'ai songé que je ne comprenais rien, mais que c'était sacrément génial, ce qui est un sentiment assez rare chez moi (puisque "je ne comprends rien" est souvent assimilé à "ça m'ennuie, j'aime pas, c'est nase"). Il se trouve au final que c'est assez compréhensible pour peu que l'on fasse un petit effort de réflexion (exit les blockbusters), truffé de références et proposant même bien des niveaux de lecture différents. L'on aurait pu croire que le scénario n'était qu'un genre d'addition de différents récits vaguement liés, donnant l'impression d'un énorme mélange sans intérêt véritable, le genre de mélange auquel des scénaristes flemmards et désœuvrés auraient pu penser, mais, non, loin s'en faut ; c'est de la ─ très ─ bonne SiFi, avec juste ce qu'il faut de métaphysique.

Ensuite, il y a le fait qu'en dépit des histoires plus ou moins improbables de chacun des personnages (il s'agit aussi bien de tranches de vie semblant s'être échappées d'une bonne comédie de Woody Allen que de fragments d'épopées historiques, en passant par le scénario classique du thriller et la SiFi pure et dure où les voitures volent), on passe de moments assez difficiles ─ mais superbes ─ à des moments totalement fous et rafraichissants. Ainsi par exemple, de Neo-Seoul en 2144 et ses références aux camps de concentration nazi de la seconde guerre mondiale, on bascule à une maison de retraite anglaise en 2012 où un groupe de vieux échafaude un plan pour s'échapper. Ce sont d'ailleurs les deux histoires m'ayant le plus touchée, le mieux plu, et Jim Broadbent fait un superbe vieillard, absolument désopilant et délicieux accompagné de son gang de vieillards rebelles.

Je vous prie de ben vouloir m'excuser, mais je peine vraiment beaucoup à mettre des mots sur le fabuleux de la chose tant je n'ai jamais rien vu de comparable. Cloud Atlas m'a laissé un sentiment unique, comme si j'étais quelqu'un d'autre, comme si le sens de la vie venait de m'être révélé. Non vraiment, c'est réellement dingue. Dingue. Je crois que dingue et sidérant sont les deux mots qui qualifient le mieux en mon sens cette véritable expérience cinématographique. Voilà enfin un film où de superbes effets spéciaux servent une réflexion dense et utile sur la vie et la mort. Chose amusante d'ailleurs, j'ai trouvé que l'idéologie de ce film avait quelques ressemblances avec celle d'Anna Varney. En résumé, Cloud Atlas est une histoire grandiose de science-fiction humaine, métaphysique et touchante où passé, présent et futur se mêlent, invitant ainsi à la réflexion, le tout porté par une photographie superbe et une bande-son si jolie que je l'écoute en boucle sans éprouver la moindre lassitude. Certainement la plus belle surprise cinématographique de ce début d'année.
Il faut que je re-regarde ce film. Tout de suite.

12 commentaires:

  1. J'ai F5 ton blog toute la soirée en attendant de voir ton post - hello no life desu. Je suis vraiment contente que tu ais apprécié le film et ais ressenti la même chose que moi en le voyant, ce sentiment de grande révélation, celui d'appartenance profonde à l'espèce humaine, plus que jamais. Ce film c'est déclaration d'amour et une grande leçon de cinéma et d'humanité qui te retourne les tripes et l'âme et te laisse comme un con devant ton écran sans avoir de mot précis pour exprimer ce qui se passe en toi.
    Et oui un second visionnage n'apporte pas seulement un éclairage sur la compréhension du film mais également une lecture différente du film. Comme pour la première fois je n'ai vraiment pas vu les 3h passer !
    Je trouve que les Wachowski avaient déjà réussi à mélanger divertissement et réflexion dans V pour Vendetta, mais avec le mélange des genres et sa richesse, Cloud Atlas est largement plus impressionnant.

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    1. Haha, je suis vraiment flattée que tu aies violé ta touche F5 toute la soirée pour moi ♥
      Cloud Atlas m'a totalement retourné le cerveau, tellement qu'une fois rentrée chez moi, j'ai passé mon weekend de Pâques à le regarder et le re-regarder en boucle (hello no life desu de même), en ayant le sentiment de le redécouvrir à chaque fois, et, effectivement, la seconde lecture est différente de la première tout comme la troisième est différente de la seconde. Je crois que je ne me lasserai pas de ce film, ais je vais tout de même ralentir un peu sur les visionnages au risque de faire une indigestion, ce qui serait bien dommage.
      V pour Vendetta était également un très bon film, mais Cloud Atlas est carrément une bombe nucléaire à côté, tant par sa photographie et ses effets spéciaux que par toute la réflexion qu'il engendre.
      God, je suis amoureuse.

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  2. Aussi bizarre que cela puisse paraître j'attendais avec une certaine impatience ton avis sur ce film que je compte bien aller voir au plus vite (demain, peut-être !). Je n'ai lu que des bons avis sur cette oeuvre que j'attendais comme le Messie vu le casting de premier ordre. Du coup je ne peux pas en dire plus, ton article me donne encore plus envie de voir ce film tant tu as l'air touchée et bouleversée par la multitude d'impressions et de chemins tortueux qu'il emprunte.

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    1. Ah, vraiment ? C'est gentil, merci !
      J'ai en effet été sacrément bouleversée par Cloud Atlas, et pourtant ce n'est pas ce que j'appellerais un grand film. Ce n'est même pas le genre de cinéma auquel je suis le mieux sensible (bien que j'adore la science-fiction), mais il y a vraiment quelque chose d'inexplicable qui se produit avec lui.
      Je serai curieuse de connaître ton avis lorsque tu l'auras visionné.
      Je ne lis plus que très rarement les critiques, ayant été trop de fois déçue ou trompée, mais j'aimerai bien lire un avis négatif sur ce film, juste histoire de voir ce que ça peut donner.

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    2. Pour répondre à ton commentaire, je ne sais pas s'il est possible d'émettre une critique négative sur ce genre de film; les histoires sont à la fois si proche et différent que - vulgairement - il y en as pour tout le monde. Ce film est trop. Trop profond, trop drôle, trop sérieux, trop humain, trop engagé pour ne pas se complaire d'un de ses aspects. On ne peux ne pas avoir aimé ce film. On peux, néanmoins, avoir moins été emballé par une des histoires. C'est génialement fou.

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    3. Oh, il est toujours possible d'être négatif, c'est même très facile pour peu que l'on fasse preuve d'un peu de mauvaise foi. Je ne sais pas si ce film est "trop", le trop étant connoté négativement selon moi. Il est simplement comme il faut. Enfin, de mon point de vue.
      Et je suis même certaine qu'il y a bien quelqu'un à n'avoir pas aimé Cloud Atlas. Je vais de ce pas partir en quête, tiens.

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    4. Oh oui il y a beaucoup d'avis négatifs sur ce film, il suffit d'aller faire un tour sur Allociné pour lire les avis des journalistes. Certains l'ont trouvé grotesque (en partie à cause du maquillage des acteurs), d'autres inégal quant à la qualité des histoires racontées, d'autres encore inutilement long et grandiloquent pour un propos qu'ils ont jugé "évident". Au final oui beaucoup trouvent que le film était un peu "tout ça pour ça" parce qu'ils n'ont pas été touchés par les multiples messages du film. Parce que des messages d'amour, d'humanité, d'espoir, de destinée tout ça pour eux c'est vu et revu, c'est niais surtout et ridicule. Ils préfèrent crier au génie devant l'ultraviolence et le puérile du dernier Tarantino.

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    5. On trouve effectivement bon nombre d'avis négatifs, merci Allociné. Je peux comprendre leur point de vue, mais ce qui me sidère assez, c'est le fait que certains sites de critiques aient attribué une meilleure note et donné un avis plus positif à Oz qu'à Cloud Atlas. Là, ouais, ça me choque carrément. Ceci dit, je n'émettrai pas d'avis négatif envers Django, que j'ai beaucoup aimé. Et pourtant, Dieu sait que je ne suis généralement pas friande de Tarantino (mais là, c'était le bon Tarantino des débuts avec son cocktail gagnant d'humour, de gore et d'aventure, ajouté au fait que c'était un western, et que les westerns, c'est cool). Cela étant, non, Django n'a en effet rien de génial ni d'inventif ou de véritablement novateur en comparaison avec Cloud Atlas.

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  6. Je viens de découvrir le titre de ce film. Je n'en avais pas entendu parler. Ta description m'a donné envie de le voir. J'ai regarder la bande annonce longue en Vost. J'en ai des frissons, je le regarde dès la fin des épreuves du bac. Y'a pas moyen que je passe à côté de ce film qui m'a l'air d'être une pure merveille cinématographique.

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